L’aide thérapeutique et la violence au statut de problème

Suite de l’article L’aide thérapeutique et la violence Ce 2e article provient du travail du psychologue Steven Bélanger. Coordonnateur clinique Pro-gam du centre d’intervention et de recherche en violence conjugale et familiale. La violence au statut de problème En dépit de l’établissement d’un cadre légal … Continuer la lecture Continuer la lecture Continuer la lecture Continuer la lecture Continuer la lecture

Suite de l’article L’aide thérapeutique et la violence

Ce 2e article provient du travail du psychologue Steven Bélanger. Coordonnateur clinique Pro-gam du centre d’intervention et de recherche en violence conjugale et familiale.

La violence au statut de problème

En dépit de l’établissement d’un cadre légal visant à contenir les débordements de violence au cours des siècles, il est relativement nouveau que la société considère la violence comme étant un problème. Aussi, il est relativement récent dans l’histoire de la psychologie que l’on comprenne mieux les mécanismes psychologiques impliqués dans les comportements violents et surtout que l’on saisisse mieux les impacts nocifs de la violence sur les individus.

Les études réalisées auprès de militaires de retour de la Deuxième Guerre mondiale ont conduit à l’identification de symptômes associés au « syndrome de stress post-traumatique », résultant d’une surexposition à la violence. De façon plus particulière, les écrits d’Alice Miller ont grandement contribué à mettre en évidence les conséquences des mauvais traitements et de la négligence sur les enfants, dont divers problèmes d’adaptation, des difficultés relationnelles, des troubles de la personnalité, des troubles des conduites, de l’abus de substances, etc.

Nous concevons aussi beaucoup plus clairement aujourd’hui combien le contexte familial et conjugal peut constituer un terreau fertile à l’éclosion de relations abusives et de violence. Le contexte d’intimité, certaines valeurs religieuses et culturelles associées à l’éducation des enfants, à l’autorité parentale et aux relations de pouvoir entre conjoints peuvent porter gravement préjudice aux personnes et  perpétuer le cycle de la violence et de la souffrance d’une génération à l’autre.

La violence conjugale et familiale a donc fait l’objet, elle aussi, de dénonciation et de répression. Le domaine du privé fait dorénavant l’objet de surveillance et de contrôle à cause des coûts humains qui en découlent. La violence, dans un contexte conjugal et familial, est dorénavant définie comme un problème social.

Violence et « contre-violence »

Les changements dans les mentalités ont abouti à un certain consensus social entourant la non-tolérance de la violence dans les différents champs d’activité humaine, dans l’espoir d’une coexistence plus harmonieuse. On a assisté à une augmentation et à une sophistication des moyens de contrôle de la violence.

De façon générale, avec l’augmentation de notre sensibilité à la violence, du sentiment d’insécurité, augmentent aussi l’importance de la répression, des mesures de contrôle, des stratégies de protection et plus globalement, la sévérité de la condamnation morale de la violence. On en arrive aujourd’hui à des prises de position morales beaucoup plus catégoriques.

Cet état de fait soulève toutefois une contradiction fondamentale sur le plan moral. Des événements tragiques récents à l’échelle internationale nous ont démontré jusqu’à quel point la violence pouvait engendrer une obsession de la sécurité; que cette obsession de la sécurité pouvait à son tour engendrer une obsession de la violence. Bien qu’il soit généralement admis qu’il faut contenir les débordements de violence et favoriser le sentiment de sécurité, les stratégies développées pour y arriver comportent leur lot de violence : des contre-violences structurelles et institutionnelles, acceptées socialement.

De par son incidence sur les droits fondamentaux et sur les libertés démocratiques élémentaires (limitation de circulation et d’expression, privation de liberté), la répression de la violence n’est pas sans conséquence sur le plan humain. Un sur- contrôle social de la violence entraîne invariablement des effets pervers telles le « conformisme », la normalisation, la sujétion ou l’opposition violente. Susceptible de fluctuer avec les événements, le « juste dosage » de la répression apparaît comme une préoccupation centrale et incontournable pour qu’elle soit acceptable, utile et bienfaisante en fin de compte pour l’ensemble.

Suite des sujets à venir:

  • La thérapie contre la violence
  • Des solutions relationnelles aux problèmes relationnels
  • L’alliance thérapeutique : possible et nécessaire
  • Vers une théorie du changement
  • Conclusion
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